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Blast
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Dans un territoire sectorisé où l'interruption volontaire de grossesse est passible de la peine capitale, une accoucheuse s'avère aussi avorteuse : mettant au monde les enfants, elle participe également de la résistance féministe qui s'établit de façon clandestine. Dans ce roman polyphonique marqué par une écriture acérée et une volonté de transcender les poncifs autour des rapports femmes-hommes, le pouvoir patriarcal est disséqué dans ce qu'il a de plus pernicieux puisque ce régime totalitaire et féminicidaire fut instauré par des hommes prétendument déconstruits. Dans une langue aussi violente que poétique, l'autrice interroge la construction de la sexualité, de la maternité, la place assignée aux femmes dans un monde structuré par la domination, la vacuité du réformisme et la force du collectif féministe révolutionnaire. Ce roman contient des scènes de viols, violences sexuelles et violences infantiles.
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"fragmentée" est une exploration des flux qui nous irriguent et nous relient. Cet écoulement, ligne rouge qui fait tenir ensemble les lettres pour former les mots, nous rappelle que la langue est un organe et que le recueil est un corps. Par des images cueillies à l'aube ou au crépuscule s'établit un élan qui vient dire l'être au monde et le morcellement de soi. Les échelles du minuscule et de l'immense se croisent et se répondent pour livrer une lecture poétique de ce qui nous entoure. La parole s'ancre dans le geste d'exister et d'observer ces fragments nous composant et construisant le présent. L'intériorité devient le terrain d'expérimentations qui sont en fait toujours connectées à la multiplicité.
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Ce recueil se penche sur ce qu'est libérer sa parole quand on a été incesté·e. Ce que c'est pour le corps qui porte cette parole, ce que c'est dans le langage, dans la façon de l'agencer, dans l'entremêlement des discours. Jonas Sénat s'arrête particulièrement sur la configuration bourgeoise de la silenciation : dans ce milieu social, on parle, on parle beaucoup. Libérer la parole peut donc passer par le silence : silence du poème, celui qui permet d'écouter ce qui ne se dit pas, de faire émerger la vérité. L'écriture constitue le lieu protecteur à partir duquel l'auteur peut s'exposer aux précipices ouverts par le trauma sans disparaître et se désintégrer.
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Infra/seum : une poésie fâchée avec tout le monde
Douce Dibondo
- Éditions blast
- Envers
- 23 Août 2024
- 9782492642210
infra/seum, second recueil de Douce Dibondo apèrs métacures, est la colère mise en poésie. Comment dire la rage qui nous habite face aux violences structurant nos vies et intimités ? Comment exprimer les parts monstrueuses qui habitent nos ombres ? Par un travail de la langue comme provocation, de la torsion du vocabulaire et de l'espace, l'autrice explore les continents du seum et ce qu'il fait à nos corps et à nos êtres. La poésie devient un miroir cru, ambivalent et précis d'un regard posé sur les mondes. À l'inverse d'une analyse binaire, Douce Dibondo navigue la complexité des rapports sociaux et la façon dont ils s'imprègnent des dominations. Par là, elle élabore une poésie dangereuse contre les illusions du monde et notre propre violence.
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La domination oubliée : Politiser les rapports adulte-enfant
Tal Piterbraut-Merx
- Éditions blast
- Relief
- 25 Octobre 2024
- 9782492642234
Dans cet ouvrage, Tal Piterbraut-Merx critique l'idée selon laquelle l'enfance serait une condition naturelle : au contraire, le statut de minorité et l'institution familiale ont une histoire et se fondent sur des rapports socio-économiques et sur un système juridique et symbolique. En s'appuyant sur des travaux issus de la philosophie classique puis de la théorie féministe, il propose de dénaturaliser et repolitiser la domination adulte, en relation avec les autres rapports de pouvoir. Il ouvre des pistes pour lutter contre l'oppression des enfants et notamment la culture de l'inceste. Suite au suicide de l'auteur, un collectif d'ami·es a établi cet ouvrage à partir du manuscrit inachevé de sa thèse.
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Les pratiques et théories queers ont mené une large critique de la normalisation des dominations cisgenres et hétéropatriarcales. Mais à cette critique a pris le relai une position purement déconstructrice des normes de la sexualité, au point que la nouvelle norme est devenue le refus de toute norme. En distinguant normalisation et normativité, Pierre Niedergang avance que la critique de la normalisation, bien légitime, n'implique pas l'anti-normativité mais au contraire une « normativité queer ». Cette inventivité normative permettrait d'élaborer une perspective queer féministe consciente de la dimension matérielle des oppressions et des rapports de pouvoir qui se nouent au coeur de nos relations.
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Recueil de courts textes paru en 1995 aux États-Unis, il/le est un classique de la littérature lesbienne et queer. À travers des brèves du quotidien, Minnie Bruce Pratt explore l'impermanence et la fluidité du genre, souligne la performativité de ce qui constitue le masculin et le féminin et aborde les relations butch/fem. il/le est un texte autobiographique qui retrace le parcours de l'autrice, de sa lesbianité à son engagement militant dans les droits civiques et queers. Elle y chronique sa jeunesse, son mariage et son divorce, son coming-out, ses relations romantiques et sexuelles, et le lien qu'elle entretenait avec saon partenaire, Leslie Feinberg, auteurice de Stone Butch Blues.
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Je vis dans une maison qui n'existe pas
Laurène Marx
- Éditions blast
- Envers
- 19 Avril 2024
- 9782492642197
Je vis dans une maison qui n'existe pas est un écho de la dissociation, un texte à trous comme peuvent l'être nos états mentaux. Qui décide de la folie des marginaux·ales ? Des monstres ? Dans une pièce peuplée de figures symboliques, Laurène Marx décrit ce que cela fait d'appartenir à d'autres avant de s'appartenir. C'est aussi l'histoire d'une enfance violentée sur laquelle il manque les mots.
Dans ce monologue, l'autrice porte la terreur et la solitude autant que l'élan de vivre et de se créer un espace où l'altérité est possible. Ce texte dit enfin la lutte contre l'enfermement dans une maladie, dans un genre ou dans un lieu, remplacé par une échappée qui contrecarre les dynamiques d'oppression et d'assignation. -
Au commencement, des escapades dans les champs de colza et la découverte tranquille du corps , puis le corps vu, projeté, contraint et assigné par d'autres. Comment déconstruire l'hétéronormativité pour parvenir à être soi ? Roman de traversée, Colza s'installe dans les interstices : entre campagne et ville, entre construction d'une identité queer et misogynie intériorisée, entre fantasmagories et amours réelles. Le corps gouine s'élabore au fil de ce périple contre les injonctions patriarcales et sexistes. Ce roman est le récit du trouble : celui de Colza, qui a trouvé la liberté de s'inventer et d'écrire sa propre histoire au-delà des normes binaires.
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Feu mange forêt : Se jeter contre le monde
Clementine Pons
- Éditions blast
- Envers
- 27 Septembre 2024
- 9782492642227
Clémentine Pons, dans ce premier recueil brûlant, raconte l'hôpital psychiatrique et le soin que l'on s'apporte dans ces espaces, ici plus par le groupe que par les soignant·es. En dépit de toutes ses limites et de toutes les violences dont il peut être vecteur, l'HP devient ici le lieu qui rassemble, plus que les gens qui souffrent, les gens qui se soignent. Ce qui est raconté, c'est le quotidien dans ce lieu hétérotopique, un quotidien en rupture avec la vie extérieure. Plus que les troubles de chacun·e, c'est ce que les personnes ont en partage qui donne voix à la poésie. Par les mots, l'autrice construit une communauté d'âmes portées par une force collective, celle de tenir bon.
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Entre le cri et le silence, La Plaie de l'aube cherche à saisir, par l'embrasement de la langue, ce qui se dessine sous la fin du monde. Cette poésie est faite de fractures et tordue par le poids des vides dont elle cherche à s'extraire : elle s'ancre dans la résistance à l'ordre colonial, capitaliste et hétéropatriarcal. Au cours des vingt-quatre heures traversées par le recueil et au travers des lignes brisées et des vers fragmentaires se dessinent des récits amputés et des horizons qui s'écrivent à la force des poings. Face aux déchirures provoquées par la violence du monde, ce recueil est un appel à se lever encore, rester debout et lutter ensemble.
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Les Sublimations révèle une poésie de l'intérieur dans une langue fulgurante et sanguine. La matière langagière est travaillée dans ce qu'elle a de primaire et l'invention de signifiants est au coeur du poème afin de nommer ce qui ne l'a pas encore été. Les Sublimations, en venant dire le désespoir, les relations amoureuses, les dépendances, tente d'éclairer l'inconscient par le langage : est donné par les mots ce qui est dissipé. Le recueil décortique les espaces incertains qui fondent l'être, traversé par ces sublimations, ces transformations. C'est de métamorphose dont il est question : celle de la douleur, de l'amour et de la mélancolie en poésie.
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Votre monde en cendres, c'est une poésie explosive et revendicative qui témoigne de la matérialité de nos luttes. C'est d'abord une langue érotique qui dit le corps dans son rapport à l'autre et à sa sensualité. C'est aussi une langue de la fierté face à la queerphobie, à la transmisogynie et aux violences systémiques. Enfin, c'est une langue trans puissante et assumée, traversée par la colère autant que par nos utopies collectives. votre monde en cendres est un recueil pour faire communauté sans effacer nos spécificités et nos tensions. Dans ce manifeste, Joyce Rivière tient ensemble la rage et la joie et fait entendre la force queer et libertaire qui se loge au sein de nos corps et nos sexualités.
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Ce qui habite Les Coupables innocentes, c'est la folie, celle qui se transmet entre les générations sans qu'on le sache, qui explose dans maman et bouleverse le récit familial. L'auteurice, par ce recueil, entreprend une démarche d'enquête visant à reconstruire une histoire de soi et de la famille. Les mots du recueil répondent à la solitude et à l'isolement en traçant les contours de la transmission et des liens indissolubles entre les soeurs, lieu de résistance face à la violence et au traumatisme. Mag Lévêque interroge l'intersection qui croise la classe sociale, la folie et les femmes et, avec cette poésie, lance un appel à faire famille par dispersion.
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Dans Pépite se rencontrent deux jeunes femmes qui deviennent colocataires : se déploient leurs questionnements, leur relation et leurs colères. Face à une société contemporaine que l'on pourrait déjà qualifier de dystopique, Rina et Saskia éprouvent le quotidien dans ce qu'il a de plus trivial mais aussi de plus précieux. Leur amitié et leur amour sont des remparts face à la brutalité du monde et à l'angoisse permanente générée par ce dernier. Dans ce huis clos temporaire, les deux personnages cherchent à creuser une place qui leur sera vivable. C'est de jeunesse indignée dont il est question à une époque marquée par la violence et l'envie de construire un autre monde que tant espèrent.
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Tant qu'il reste quelque chose à détruire
Mag Lévêque
- Éditions blast
- Envers
- 23 Septembre 2022
- 9782492642067
Tant qu'il reste quelque chose à détruire est le chemin poétique d'une reconstruction après le viol. Mag Lévêque éclaire par le poème le lien à la honte, à la culpabilité, à la sexualité. Au-delà du témoignage, elle parvient à créer à partir de la violence et de la douleur, en ne faisant jamais impasse sur l'indicible. Le poème se débat et s'élabore contre la mémoire du corps marqué par l'empreinte invisible de la violence. À travers une narration fragmentaire, il est question de sauvegarde de soi et de recherche d'une force collective comme réparations. C'est ici dans l'intime que se joue l'émancipation , et le verbe de réveiller la force qui n'a jamais quitté l'autrice.
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La poésie de Douce Dibondo s'éprouve à double tranchant : d'un côté, la lame incisive vient triturer les violences pour crever l'oppression et souligner la centralité et la puissance des vécus noirs et queers. De l'autre, le dos de la lame trace un espace-refuge où les réparations éclosent dans l'urgence de la guérison. métacures refuse de céder à l'invu, l'insu ou l'indit en réaffirmant le lien entre intériorité et vie. Dans la brèche fine de l'autoengendrement, le texte fait entendre un « je » matériel, dense et sensible où retentit un appel à faire communauté politique. Avec ce premier recueil, Douce Dibondo s'engage par le poème, pose le désir vital de révolutionner le soi et le monde.
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Dans La Septième Lèvre s'écrivent mille et une façons de penser et de dire le corps, les relations ou dieu. Ce recueil déploie une poésie ancrée dans le quotidien, une poésie mêlée d'instantanéité et d'images dans laquelle on assiste à une mise à l'épreuve du soi et du temps. Il s'agit d'une invitation à questionner la représentation et le lien social. Ces cantiques féministes et queers nous immergent dans une lutte intériorisée, intime, un temps par et pour soi en vue d'un être collectif au monde. Dans une langue narrative, pop et cinématographique se fait également entendre un élan spirituel, souvent oublié des combats féministes et qui vient ouvrir des champs d'empouvoirement.
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Du néant j'hérite s'ouvre sur une assertion antisémite se faisant passer pour une plaisanterie. La narratrice se trouve soudainement face à la violence et l'incompréhension au sein d'un cadre des plus intimes, celui de la famille , se rejouent alors l'histoire familiale et la disparition des êtres due à la Shoah. lou dimay explore ici le continuum de la matrice antisémite et comment quelques mots travaillent au rejaillissement de la transmission et de la mémoire. En toile de fond, le climat fasciste passé et présent, à l'échelle du macro comme du micro. Ce que porte Du néant j'hérite, c'est le récit d'une transgression majeure pour sortir de la sidération et choisir d'hériter de sa propre histoire.
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Années 1973 et 1974, à la suite du procès de Bobigny. Le mouvement pro-IVG prend de l'ampleur en France. À Paris, Jane se demande pourquoi ses parents ont éloigné sa soeur, Louisa, en Espagne. Aux côtés de Pierre, jeune médecin du Groupe Information Santé, elle cherche des traces de Louise et s'engage dans la lutte pour l'avortement, non sans crainte car son père soutient ouvertement l'association conservatrice Laissez-les vivre. Jane apprend tout de même à pratiquer l'IVG clandestinement. Entre enquête et roman historico-politique, ce texte offre un éclairage contemporain sur les années 70, leur effervescence et l'intensité d'un combat toujours d'actualité : la libre disposition de son corps.
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Le souvenir d'une amitié absolue et pourtant étiolée de l'enfance, le retour pour arpenter et confronter le territoire familial, l'apprentissage et l'éveil d'un corps ralenti, au dos longtemps objet médical. Trois temps racontent les recoins du placard, celui dans lequel on enferme les trans, les queers, les anormales. Ils sont écrits par la haine, la violence, la pauvreté, la prison, l'hégémonie, mais à cela y répondent l'impitoyable poésie du corps, le lien organique et sensible au sol, la mémoire locale et rurale, la tendresse et la force du devenir, le rire et la rage de se tenir debout.
Car Luz Volckmann le rappelle : "le placard nous réduit. Or, j'ai l'orgueil du peuple des géants".
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La poésie comme un cri arraché au corps : Aux vies anecdotiques fait entendre un être au monde sensible et à jamais politique. Écrit depuis les marges, ce recueil est un écho aux dynamiques d'oppression systémiques auxquelles fait face celle qui dit. Ne jamais être comme il faudrait : racisée, queer, grosse, pauvre ou poilue, le corps d'un être à qui on intime le silence mais qui le refuse par une explosion poétique venant inquiéter un confort qui ne tient qu'à l'écrasement des autres. Aux vies anecdotiques laisse respirer une langue qui dit la fierté en rappelant combien la domination n'a jamais rien d'une anecdote et combien la lutte, dans chaque espace du quotidien, est vitale.
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Lésions, plutôt qu'une suite à Là où les trottoirs s'arrêtent (précédemment roman de Baptiste Thery-Guilbert), en est un miroir déformant. Le narrateur à la sortie de l'adolescence se débat dans sa relation avec Clément, abîmée par l'homophobie. Le roman, traversé par l'expérimentation stylistique, est le lieu d'une écriture de la survie : survie face à la violence et à l'oubli mais aussi face à la perte de souvenirs provoquée par l'épilepsie. À nouveau en toile de fond, Marseille, marquée par son histoire populaire et migratoire et théâtre des rapports de pouvoir à l'oeuvre entre sa population et ses dirigeants. Un roman qui explore l'intimité et la complexité des liens s'élaborant dans le noeud des luttes sociales et queers actuelles.
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Là où les trottoirs s'arretent
Baptiste Thery-guilbert
- Éditions blast
- Envers
- 15 Avril 2022
- 9782492642012
17 ans, 19 ans : deux âges pour un roman au coeur de l'adolescence et de son intimité. Un narrateur ancré à Marseille raconte ce quotidien ponctué de l'intensité qui le caractérise : se découvrir et vivre un être, un désir et une sexualité hors des normes hétéropatriarcales, faire face à l'homophobie et au mensonge, s'habituer au secret - le sien ou celui de l'autre. Quitter l'école car elle n'a plus rien à offrir et s'installer devant la mer, essuyer l'insulte, tenter de contrer la honte par l'émancipation, cacher la maladie ou le trouble psychique, affronter la précarité et la douleur familiale : dans ce texte se construit une voix puissante et autonome qui dit combien est forte la volonté d'exister.