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Laurent Jenny
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La vie n'est pas un roman, plutôt une somme discontinue d'éveils. Laurent Jenny cherche à ressaisir ces « épiphanies », brèves et incertaines, rebelles à la cohérence des jours : scènes dans le Paris de l'enfance, visages croisés, visions hallucinées, dépaysements, génies des lieux qui se révèlent soudain, bonheurs sensibles, deuils, vertiges amoureux...
Ces instants laissent des traces de ce qui pourtant semble n'avoir jamais existé comme tel, des éblouissements dont les phrases de Laurent Jenny dessinent le chemin, entre clarté des mots et incertitude du vécu. -
Dans la première partie de cet essai, Laurent Jenny, à travers les images de l'art, s'intéresse aux turbulences du regard. La diversité de ces images révèle en effet que le regard est loin d'être une donnée naturelle, simple et commune. Chaque époque, chaque artiste et chaque medium redessinent une extension différente du visible, et remodèlent des usages dans le champ très vaste qui est celui du visible. Il y a loin des figures paléolithiques superposées émergeant pour quelques rares initiés d'une matrice minérale enveloppante et secrète - aux tableaux luxueux, surchargés de symboles savants et d'allusions aux pratiques sociales que constituent les peintures du Quattrocento. Tout comme les peintures éloquentes de l'âge classique s'opposent, par leur discours implicite, au type de contemplation muette appelé par les tableaux « silencieux » de l'âge moderne, de Manet à Morandi. Ce n'est d'ailleurs pas seulement la connivence du regard avec l'intelligible qui se transforme, mais aussi son appel aux autres sens, notamment le tactile, ainsi qu'en témoigne encore aujourd'hui une oeuvre comme celle de Giuseppe Penone, qui cherche passionnément à étendre la sensibilité optique à la surface entière de la peau. Les technologies de l'image ont aussi leur part dans cette constante redéfinition du voir. La photographie a ainsi délibérément réduit le point de vue au monoculaire et astreint le regard à un battement, non sans effets temporels. À l'inverse, les spectacles immersifs de l' « atelier des lumières », veulent produire l'illusion que le champ du regard est à la fois mouvant, sans bords et infini jusque sous nos pieds. Cependant le pari que fait Laurent Jenny, qui est aussi celui de l'art, c'est que toutes ces images si diverses nous parlent et nous atteignent au-delà des significations qui ont été celles de leur temps et des intentions de leurs auteurs, au-delà même des circonscriptions de regard qui les régissaient. C'est précisément leur dimension énigmatique qui aiguise notre attention à elles et découvre dans notre propre regard des régions ignorées. Cela ne va pas sans déchirure de nos habitudes perceptives, ni retentissement émotionnel et éthique. Et ce sont ces chocs dont Laurent Jenny s'efforce de rendre compte dans la patience de l'écriture. La seconde partie de cet essai propose donc une déambulation libre et subjective à partir d'images énigmatiques et un approfondissement de leur étrangeté. Laurent Jenny s'y interroge ainsi sur le trouble que produit la facture porcelainée et cruelle des Judith de Cranach ou sur la dimension secrètement apocalyptique d'un tableau supposément aussi galant que « La fête à Rambouillet » de Fragonard. Il questionne l'anachronisme optique des oeuvres « qui ne sont pas de leurs temps », comme les huiles italiennes de Valenciennes ou de Thomas Jones. Il se penche sur les horizons obstinément bouchés de Courbet, qui font refluer le regard vers la matérialité épaisse des surfaces. Il cherche à comprendre la puissance du monde graphique de Seurat dont les figures « absorbantes rayonnantes » semblent dotées d'une pesanteur nocturne et solitaire intimement liée au monde chromatique restreint du noir et blanc. Il relève les stratégies de Matisse pour domestiquer au-dedans l'espace effrayant du dehors. Dans Louons maintenant les grands hommes, il confronte la sécheresse des photographies de Walker Evans, illustrant la vie nue des petits blancs pauvres d'Alabama et la prose incandescente d'Agee comme deux traductions de la même expérience visible. Et enfin il retrace les tourments de Giacometti vivant une forme de « folie du regard » en essayant vainement de saisir le visage de son modèle japonais Yanaihara. En définitive, à travers ces réflexions et ce parcours dans les images de l'art, il s'agit pour Laurent Jenny de rouvrir le champ du regard à son extension variable, à ses connivences passagères et à son essentielle indétermination.
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Ouvrage d'un homme de lettres converti aux images, Le désir de voir retrace une initiation progressive au regard pictural et photographique. Intitulées « Voir dans le noir », « L'instant de voir », « Voir en rêve » et « Manières de voir », les étapes de cet essai discrètement autobiographique donnent lieu à l'exploration de plusieurs modes de vision, découverts au croisement d'expériences personnelles, d'expérimentations artistiques, de lectures et de contemplations.
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Des instants montent du passé comme des bulles, à la rencontre des phrases qui les rendent toujours présents et visitables.
Ainsi se compose une autobiographie fragmentaire sans légende ni récit du moi.
Elle est faite de lumières, d'intuitions enfantines et d'étonnements sensibles. C'est aussi une brassée d'images aiguës et souvent ironiques, où se donnent à voir une enfance des années cinquante aimantée par la littérature, des rêves d'errance soixante-huitards, les surprises d'une vie dans la parole et la force du monde tel qu'il est, de Ploesti à Nawalgar ou de Cluj à Shangaï.
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La brûlure de l'image ; l'imaginaire esthétique à l'âge photographique
Laurent Jenny
- Éditions Mimésis
- L'esprit Des Signes
- 14 Novembre 2019
- 9788869762017
De la photo par Hill d'une petite pêcheuse de New Haven, Walter Benjamin a écrit que « le réel [y] a en quelque sorte brûlé le caractère d'image ». Ce n'est pas seulement à ce cliché de 1845 qu'il faut appliquer un tel jugement mais à l'ensemble de la photographie argentique. Tout au long de son histoire, l'image photographique a fait l'objet d'une suspicion sur sa véritable nature. Tantôt on a voulu la maquiller en représentation artistique et tantôt la réduire à une simple trace de réel. Mais il est peut-être temps, à présent que son histoire est achevée, de faire face à son hétérogénéité foncière. De Talbot à Boiffard, de Stieglitz à Walker Evans, des Becher à Denis Roche, la photographie aura été révélatrice d'une impureté beaucoup plus générale. Une impureté qui concerne aussi les autres arts mais que, sous leur vernis d'idéalité, nous n'avons pas su reconnaître.
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L'auteur étudie la notion de figural, la façon dont les constantes de la langue - codes, règles d'usage - aboutissent pour chacun à une parole personnelle, dans sa singularité, au-delà de ce qui, dans la langue collective, appartient à tous et à personne, comment, ainsi, on parvient au sens, ou à la poésie.
Il invite avant tout à la lecture, ne sacrifie jamais le contenu des textes sur lesquels il s'appuie au plaisir de la théorie pour la théorie.
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La vie esthétique ; stases et flux
Laurent Jenny
- Verdier
- Sciences Humaines
- 14 Février 2013
- 9782864327158
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De 1885 à 1935, la littérature et les arts, à travers les avant-gardes symboliste, moderniste et surréaliste, se sont assigné une tâche apparemment plus métaphysique (ou psychologique) qu'esthétique : porter au grand jour la vie intérieure.
Ce livre vise à montrer comment l'exaspération de cette " idée " a en fait abouti à imaginer une projection de la pensée dans l'espace du monde. Les métaphores par lesquelles la poésie s'est efforcée de se saisir ont ici joué leur rôle se concevant à l'époque symboliste comme une " musique " verbale, la poésie s'est décrite dans les années précédant la Première Guerre mondiale comme un tableau cubiste, avant de se penser, à l'âge surréaliste, comme une révélation photographique.
Entre histoire des idées, étude des métaphores qui informent l'idéologie littéraire et analyse des inventions esthétiques réelles, cet essai se voudrait aussi un questionnement de la méthode de l'histoire littéraire.
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Ce volume se propose de renouveler l'approche du style, dans une perspective élargie. Il n'y a sans doute pas de conduite humaine qui ne produise un effet expressif de présence, mais, on le comprend mieux aujourd'hui, qui n'engage en même temps une forme de pratique. Le style ne reste pas seul, comme une sorte de halo narcissique. Au-delà de ses fonctions traditionnelles d'expressivité, le style se manifeste aussi «en acte».
À un regard attentif, il se révèle en effet comme l'instrument d'un «faire», il se prolonge en forme de relation et en prescription de conduites: ici opérateur d'individuation, là vecteur de formes de réception, là encore forme dynamique d'insertion dans le monde et de reconnaissance réciproque. Constater la pertinence du style dans tous les domaines de l'agir, c'est du même coup lui restituer une stature anthropologique. C'est en un nouveau sens qu'on peut continuer d'affirmer que le style, «c'est l'homme même». C'est aussi opérer un tournant épistémologique dans la pensée du style, passer du point de vue sémiotique ou herméneutique au point de vue pragmatique.
La question posée avec de plus en plus d'insistance à propos de style n'est plus «Que signifie-t-il?» ou «Qu'exprime-t-il?», mais «Que fait-il?». Les contributions ici réunies constituent autant d'élucidations et de justifications de l'existence des styles. À un moment où l'on demande aux formes singulières de l'humain de répondre d'autre chose que des aléas de la subjectivité, où on les presse de nous montrer à quoi elles servent et comment elles nous affectent collectivement, la réponse ici esquissée est que le style est instrument d'une hominisation toujours en cours et forme organisatrice de vie.
Pour ce faire, Laurent Jenny a réuni les contributions d'auteurs issus aussi bien des études littéraires, de la philosophie, de la psychologie cognitive que des sciences sociales (Natacha Allet, Alexandra Bidet, Guillemette Bolens, Eric Bordas, Jérôme David, Anne Herschberg-Pierrot, Marielle Macé, Jean-Marie Schaeffer, Richard Shusterman).
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La plénitude du fragment
Claire Chesnier, Camille Saint-Jacques, Eric Suchère, Francois-Marie Deyrolle, Muriel Denis, Laurent Jenny, Arnaud Labelle-rojoux
- L'Atelier Contemporain
- Beautés
- 22 Août 2025
- 9782850351815
Le fragment se distingue de l'informe, du rebus et de la matière brute dès l'instant qu'on le considère comme le vecteur dramatiquement séparé d'une entité plus grande, on ressent en sa présence une sorte de nostalgie de ce tout manquant qui fait défaut. Les Fragments du discours amoureux de Roland Barthes, par exemple, sont empreints de ce sens du tragique : comment prétendre dire une fois pour toute la totalité du sentiment amoureux ? De même, chacun des pas que nous faisons dans les ruines de Pompéi ou d'Herculanum est marqué par la tragédie d'octobre 79. Les pierres, les fresques, les objets de la vie quotidienne nous émeuvent esthétiquement parce qu'ils portent en eux à la fois la marque d'une beauté surprenante et celle d'une tragédie qui résume la fragilité de notre existence. La pertinence du fragment tient à la puissance du manque qu'il révèle en nous. Tout à coup, le simple galet ramassé sur la plage, devenant le souvenir d'un moment mémorable, s'impose à nous qui l'avons conservé comme le résumé d'un tournant de notre existence.
Ce nouveau volume de la collection « Beautés » rassemble, dans sa démarche pluridisciplinaire habituelle, huit textes pour questionner, approcher, ressaisir la notion du fragment dans l'art - fragmentation qui n'est souvent que le reflet de celle de la vie intérieure éclatée, ou de celle extérieure soumise au temps qui désassemble les unités. Un regard multiple, jamais indifférent, varié dans les conceptions et les sensibilités diverses des époques, qu'il s'agit de traverser par morceaux, pour en rejoindre le plein sens.
Contributions de Paul Barnoud, Claire Chesnier, Muriel Denis, Laurent Jenny, Arnaud Labelle-Rojoux, Camille Saint-Jacques, Éric Suchère. -
La terreur et les signes - poetiques de rupture
Laurent Jenny
- Gallimard
- 4 Janvier 1983
- 9782070218523
Jean Paulhan avait parlé, dans une formule devenue célèbre, de «la terreur dans les lettres». Laurent Jenny montre aujourd'hui que toute expérience de l'expression est aussi expérience de la terreur. C'est là le fruit d'un double mouvement contradictoire. Une perte, un manque, cherche à s'apaiser dans le discours ; mais ce que nous disons trahit l'intention que nous prêtons au dire. Ainsi, nous répondons communément à l'horreur du premier mouvement par la terreur du second : en guerre contre nos propres signes, nous nous vouons volontiers à la rage de l'expression. Aristote, quant à lui, n'ignorait pas qu'il fallait faire sa place à la terreur. Il lui dédiait un genre, la tragédie, où chacun pouvait voir des événements insensés prendre la forme terrible d'un destin significatif. Nous autres, modernes, semblons avoir oublié ce bon usage de la terreur, de sorte qu'elle n'épargne plus aucun domaine de l'expression. C'est ce travail de la terreur qu'il s'agit de mettre en évidence dans quelques aventures littéraires modernes : gestion de l'innommable chez Hugo, déni de l'horreur chez Roussel, parti pris de la «cruauté» chez Artaud.
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"éveils" ; études en l'honneur de Jean-Yves Pouilloux
Valérie Fasseur, Olivier Guerrier, Laurent Jenny, André Tournon
- Classiques Garnier
- Etudes Montaignistes
- 29 Octobre 2010
- 9782812401299
L'éveil: entre torpeur et vigilance, un instant de lucidité, au risque de l'errance, avant que ne ressurgissent les balises et oeillères de l'esprit. Jean-Yves Pouilloux a décelé de telles échappées dans les inflexions imprévisibles des Essais et, par-delà, dans les jeux que des écrivains modernes - Queneau entre autres - emploient à dérégler les pièges du prêt-à-penser. Les études qui lui sont ici dédiées ont pour principal objet diverses formes et ressources de ce souci de liberté intellectuelle.
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Depuis le romantisme de 1830 jusqu'aux derniers feux de Tel Quel, en 1975, l'innovation littéraire et esthétique, en France, s'est constamment identifiée à l'idée de Révolution. Un tel rapprochement n'a pas seulement incité les écrivains à "faire" la Révolution, comme le voulait la littérature engagée, mais, pour reprendre les termes de Blanchot, à I'" être ". La Révolution est ainsi devenue l'autre nom de la liberté poétique, événement d'une puissance inouïe, déchirant l'ordre du temps et faisant à lui seul advenir un autre monde. Ce livre explore l'histoire de ce lieu commun qui, au fil d'un siècle et demi, se révèle étonnamment peu "commun". En effet, la "révolution poétique " ne cesse de faire allusion à des valeurs éthiques et esthétiques différentes, dans un dialogue tendu où Maurras répond à Hugo, Paulhan à Blanchot et Barthes à Sartre, tandis que Tel Quel réécrit la révolution surréaliste en style maoïste.
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Les gestes de l'art
Laurent Jenny, Guillemette Bolens, Jean-Yves Tilliette, Camille Carnaille, Yasmina Foehr-janssens
- Classiques Garnier
- Fonds Paul-Zumthor
- 8 Juillet 2020
- 9782406094111
La création artistique engage le corps et ses mouvements. Par la danse, la poésie, le cinéma, la musique, la peinture, l'artiste organise et rythme notre perception du monde. Cet ouvrage propose des réflexions sur la dynamique complexe des gestes de l'art, du Moyen Âge à l'époque contemporaine.
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